Résumé par le Docteur Alain LESCOAT (CHU Rennes)
Auteurs: Flaherty KR, Wells AU, Cottin V, Devaraj A, Walsh SLF, Inoue Y, et al. Nintedanib in Progressive Fibrosing Interstitial Lung Diseases. N Engl J Med. 31 oct 2019;381(18):1718‑27. (PubMed)
Introduction : Le nintedanib, un inhibiteur de tyrosine kinase, a fait preuve de son efficacité dans la réduction du déclin annuel de la CVF au cours de la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI) et de la PINS associée à la sclérodermie systémique (ScS). L’objectif de cet essai multicentrique international de phase 3 était d’évaluer l’effet de cette molécule, sur les pneumopathies interstitielles diffuse (PID) non FPI avec fibrose progressive, incluant notamment les PID associées aux connectivites telles que la ScS, la polyarthrite rhumatoïde ou la connectivite mixte.
Matériel et méthodes : Les patients inclus dans cet essai devaient présenter des lésions de PID fibrosante (c’est-à-dire des lésions de réticulations avec bronchectasies de traction avec ou sans rayons de miel) occupant plus de 10% du volume pulmonaire en scanner et répondre à la définition de PID avec fibrose progressive en dépit d’un traitement standard (autre que pirfenidone et/ou nintedanib) définie par la présence d’un des critères suivants présents sur les 24 derniers mois : déclin relatif de 10% de la CVF, ou déclin relatif entre 5 et 10% de la CVF associé à une aggravation de la symptomatologie respiratoire ou à une extension de la fibrose sur le scanner thoracique, ou une aggravation de la symptomatologie respiratoire et une extension de la fibrose sur le scanner thoracique. Il s’agissait d’un essai randomisé, contrôlé contre placebo, évaluant l’effet du nintedanib (150mg deux fois par jour) sur le déclin annuel de la CVF évalué à la 52ème semaine.
Résultats : 663 patients ont été traités (332 dans le groupe nintedanib et 331 dans le groupe placebo), les PID associées aux connectivites représentaient le quart des patients (170 patients dont 39 PID de ScS, 89 PID associées à une polyarthrite rhumatoïde). Il s’agit d’une étude positive sur le critère d’étude principal puisque le taux ajusté de déclin de CVF était de −80,8 ml par an dans le groupe nintedanib et de −187,8 ml par an dans le groupe placebo, soit une différence de 107,0 ml par an entre les deux groupes en faveur du nintedanib (intervalle de confiance à 95%, 65,4 to 148,5 ; P<0,001). L’effet
indésirable principal était la survenue d’une diarrhée (66,9% contre 23,9% dans les groupes nintedanib et placebo respectivement).
Conclusion : Le nintedanib ralentit de manière significative le déclin annuel de la CVF au cours des pneumopathies interstitielles diffuses (PID) non FPI avec fibrose progressive. Ce résultat pourrait avoir un impact sur la prise en charge des PID avec fibrose progressive associées aux connectivites.