Matériel et méthodes : Les critères principaux de jugement étaient : • L’identification de toute forme d’HTP définie par une pression artérielle pulmonaire moyenne ≥ 21 mmHg mesurée par un cathétérisme cardiaque droit. • Le développement de LD sous la forme d’ulcérations digitales, gangrène ou perte de substance ou de segment de doigt liées à une complication vasculaire de la SSc. L’étude était monocentrique et prévoyait le suivi prospectif de 300 patients SSc bénéficiant d’un suivi ambulatoire, comprenant une évaluation clinique et des explorations fonctionnelles sur une période de 5 ans. A l’inclusion, les patients n’avaient pas de complication vasculaire relative à l’HTP ni de LD. Le suivi biologique se faisant selon une périodicité de 6 à 12 mois. Les biomarqueurs plasmatiques retenus (et pratiqués en duplicats) étaient : hepatocyte growth factor (HGF), soluble endoglin (sEng), endostatin, platelet-derived growth factor (PDGF), et soluble fms-like tyrosine kinase 1 (sFlt1) [Mesoscale Discovery Platform].
Résultats : Quarante-six patients (15%) ont développé une HTP et 69 (23%) des LD. Dans l’analyse de durée jusqu’à l’évènement (time-to-event), 3 biomarqueurs se dégageaient comme significativement associés à l’HTP : HGF (HR 1,99 ; 95%IC 1,24-3,17 ; p=0,004), sFlt1 (HR 3,04 ; 95%IC 1,29-7,14 ; p=0,011), et PDGF (HR 2,74 ;95%IC 1,32-5,69 ; p=0,007). Avec l’évolution, les diagnostics d’HTP se sont nettement réduits et on ne trouvait pas d’association entre l’évènement clinique et le taux du
biomarqueur. Lorsqu’on considérait la réponse binaire de chaque biomarqueur, une relation doseréponse était observée dans la prédiction de l’HTP en fonction du nombre de biomarqueurs dont les taux étaient élevés. Pour chaque biomarqueur supplémentaire qui s’élevait, le risque de développer une HTP augmentait de 78% (HR 1,78 ; 95%IC 1,2-2,6 ; p=0,004).
Conclusion : Les données issues de ce travail suggèrent que des marqueurs de l’angiogenèse reflètent les perturbations vasculaires liées à la SSc et que l’élévation de leur taux plasmatique permet de stratifier le risque d’évolution vers l’HTP.