Un mosaïcisme des cellules XX et XXY explique le nombre élevé de copies des gènes Toll Like Receptor 7 et 8 dans le sang périphérique d’hommes atteints de polyarthrite rhumatoïde
Martin GV, Kanaan SB, Hémon MF, Azzouz DF, El Haddad M, Balandraud, N, Mignon-Ravix C, Picard C, Arnoux F., Martin M, Roudier J, Auger I et Lambert NC.
Veille Bibliographique pour le site GFRS écrite par Nathalie LAMBERT
Sci Rep. 2019 Sep 9;9(1):12880.- Référence doi: 10.1038/s41598-019-49309-4.PMID: 31501466 PMCID: PMC6733859
https://www-ncbi-nlm-nih-gov.proxy.insermbiblio.inist.fr/pubmed/3150146
Les patients atteints de maladies auto-immunes sont pour 80% des femmes avec des ratios femme : homme de 3 :1 dans la polyarthrite rhumatoïde (PR) et de 7 :1 dans la sclérodermie systémique (ScS).
Le groupe de N. Lambert à Marseille a mis en évidence chez des hommes atteints de PR, la présence de cellules féminines (46,XX) et de cellules Klinefelter (47,XXY) au sein des cellules sanguines masculines (46,XY). La proportion de cellules à 2 chromosomes X allait jusqu’à 1,4% des cellules du sang périphérique d’après les analyses de fluorescence in situ.
Le chromosome X contient de nombreux gènes liés à l’immunité, incluant ceux codant pour les récepteurs de type Toll 7 et 8 (TLR7 et TLR8), récepteurs reconnaissant des motifs moléculaires conservés chez de nombreux pathogènes et permettant de déclencher une réponse immune.
Par PCR quantitative, le groupe a montré une augmentation du nombre de copies de ces gènes chez environ 30% des hommes atteints de PR. Les patients ayant un nombre élevé de copies de TLR7/8 étaient ceux pour lesquels des cellules XX ou XXY étaient observées en microscopie.
Malgré cette augmentation du nombre de copies de TLR7/8, aucune augmentation de l’expression de l’ARNm de TLR7/8 n’a été mise en évidence. Ceci suggère que ces gènes, au moins dans les cellules mononucléées du sang périphérique, sont normalement régulés par l’inactivation aléatoire d’un des deux X : un mécanisme de compensation d’expression utilisé par les mammifères pour garantir que les femelles (XX) ont une expression similaire des gènes portés par le chromosome X, comparées aux hommes (XY). Cependant, les hommes ayant une augmentation du nombre de copies de TLR7/8 avaient une augmentation de l’expression de gènes impliqués dans la voie de signalisation pro-inflammatoire JNK /p38 des TLR. Ceci indique que la simple présence d’un X surnuméraire peut avoir des conséquences fonctionnelles. Reste à définir si d’autres gènes ayant des fonctions immunes critiques (ex FOXP3, CD40L, …) portés par le X, échappent à l’inactivation aléatoire du X et sont surexprimés au site de l’inflammation.
Ces résultats suggèrent un déclencheur potentiel de la maladie chez les hommes atteints de PR et ouvre un nouveau champ d’investigation particulièrement pertinent pour d’autres maladies auto-immunes ayant aussi un biais sexuel, comme la sclérodermie systémique.
Mots clé: biais sexuel, auto-immunité, polyarthrite rhumatoïde, chromosome X, Toll like receptor
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