Prédicteurs de l’aggravation de la maladie selon la progression des atteintes d’organe dans la sclérodermie systémique : une analyse EUSTAR.

Nom des auteurs: Becker M, Graf N, Sauter R, Allanore Y, Curram J, Denton CP, et al.

Références: Predictors of disease worsening defined by progression of organ damage in diffuse systemic sclerosis: a European Scleroderma Trials and Research (EUSTAR) analysis. Ann Rheum Dis. 21 juin 2019;annrheumdis-2019-215145. (PubMed)

Lien associé pubmed : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31227488

Résumé par le Docteur Nihal MARTIS (CHU Nice)

Introduction :

L’atteinte d’organe influe sur la mortalité dans la sclérodermie systémique (ScS). L’atteinte pulmonaire (la pneumopathie interstitielle diffuse ou l’hypertension pulmonaire [HTP]) est au premier rang des facteurs de risque de mortalité. Cependant, la survenue de ces évènements étant rare dans le cadre de populations sélectionnées pour des études cliniques, il était nécessaire de définir des critères d’aggravation fonctionnelle ou prédictifs de mortalité dans la ScS. L’objectif de cette étude était d’identifier des éléments permettant d’enrichir le recrutement de patients dans des études cliniques en fonction de critères jugeant l’aggravation de l’atteinte fonctionnelle et/ou la mortalité, à partir de la cohorte EUSTAR.

Matériel et méthodes :

Les critères d’inclusion étaient le diagnostic de ScS diffuse et un suivi de plus de 12±3 mois. L’aggravation de la maladie ou progression de l’atteinte d’organe étaient retenues si l’un parmi les critères suivants était présent : nouvelle crise rénale, aggravation de la fonction respiratoire ou cardiaque, HTP nouvellement suspectée à l’échocardiographie ou mortalité. Au total, 42 paramètres cliniques étaient sélectionnés pour l’analyse, par le biais (1) d’imputation reposant elle-même sur une imputation multivariée et (2) de la méthode LASSO.

Résultats :

Sur les 1451 patients répondant aux critères d’inclusion, 706 avaient des données complètes amenant à leur inclusion dans l’étude. Sur les 42 prédicteurs, seulement 8 ont été retenus dans le modèle de régression ultime. Il y avait des arguments forts pour une association forte entre la progression de la maladie et l’âge, les ulcères digitaux actifs, la fibrose pulmonaire, la faiblesse musculaire et l’élévation de la CRP. Ces 4 derniers paramètres étaient aussi associés à un temps jusqu’à la progression de la maladie plus court. Une validation selon la technique bootstrap avec 10 000 répétitions a permis de valider le modèle.

Conclusion :

L’utilisation des facteurs prédictifs présentés dans cette étude pourra permettre d’enrichir des cohortes de patients à risque d’aggravation globale dans les études sur la ScS.



Phénotypes des patients sclérodermiques déterminés par analyse en cluster et association à la survie dans la cohorte prospective internationale EUSTAR.

Titre original de l’article: Phenotypes determined by cluster analysis and their survival in the prospective EUSTAR cohort of patients with systemic sclerosis. Sobanski V, Giovannelli J, Allanore Y, Riemekasten G, Airò P, Vettori S, et al 1,2 — Disponible sur: https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/art.40906 (PubMed)

Résumé présenté par : Dr Alain LESCOAT, Médecine Interne, CHU Rennes.

Résumé fait par la filière FAI2R

Introduction :  La sclérodermie systémique est une maladie hétérogène associée à une multitude de présentations cliniques différentes avec un pronostic très variable. Si la classification de la maladie a été mise à jour il y a peu (initiative ACR/EULAR 2013), la définition de sous-groupes homogènes de patients au sein de cette récente classification se base encore sur l’ancienne approche de LeRoy définie en 1988 et qui subdivise la maladie en deux grandes sous-entités, que sont l’atteinte cutanée limitée et l’atteinte cutanée diffuse, basées sur l’extension de la fibrose cutanée. Néanmoins, si cette vision dichotomique de la maladie semblait à l’époque pertinente en termes de survie, mettant en avant le pronostic sombre associé à la forme cutanée diffuse, des données récentes viennent la remettre en cause, en s’appuyant notamment sur l’existence de formes cutanées limitées avec atteintes viscérales sévères. Les auteurs de ce travail proposent donc de réaliser une étude phénotypique des patients sclérodermiques en utilisant une méthode de regroupement sans a priori sur une vaste population afin de mettre en évidence des nouveaux sous-groupes (ou clusters) homogènes de patients ne se basant pas sur l’extension de la fibrose cutanée mais intégrant à la fois des données cliniques, immunologiques et d’atteintes viscérales. Lire la suite…