Traitement du syndrome de pullulation bactérienne dans la sclérodermie systémique : revue systématique de la littérature

Titre: Treatment of small intestinal bacterial overgrowth in systemic sclerosis: a systematic review

«État symptomatique acceptable pour le patient » et différence minimale cliniquement importante pour les résultats déclarés par le patient dans la sclérodermie systémique: Une analyse secondaire d’un essai contrôlé randomisé comparant la physiothérapie personnalisée aux soins habituels.

  1. CPittman N, Rawn SM, Wang M, Masetto A, Beattie KA, Larché M.

Revue: Rheumatology (Oxford). 2018 Jul 2. doi: 10.1093/rheumatology/key175. [Epub ahead of print]
PMID:29982822

Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29982822

Auteur de la veille bibliographique: Tanguy Le Scornet et Christian Agard (CHU Nantes)

 

Introduction : Au cours de la sclérodermie systémique (ScS), l’atteinte digestive est fréquente, pouvant conduire à un retard de vidange gastrique et à un allongement du temps de transit intestinal, propice à la prolifération bactérienne et au syndrome de pullulation bactérienne de l’intestin grêle (SIBO en anglais). Le SIBO concerne jusqu’à 30-60% des patients, il entraine typiquement une dénutrition par malabsorption, et il retentit sur la qualité de vie. Le SIBO est chronique et de traitement difficile. Les auteurs ont réalisé ici une revue systématique des données disponibles concernant le traitement du SIBO au cours de la ScS.

Méthodes : Il s’agit d’une revue systématique de la littérature à partir des données disponibles au 01/01/2017 au sein des bases MEDLINE, EMBASE, et COCHRANE LIBRARY. Les articles inclus étaient ceux correspondant à une étude originale, publiée en anglais, incluant des patients sclérodermiques majeurs, avec un bras de traitement du SIBO, et contenant des données sur l’évolution du SIBO.

Résultats : Cinq études (sur 5295) ont été retenues, incluant au total 78 patients avec une ScS. Aucune étude n’était randomisée. L’étude de Soudah et al.(1991) a inclus prospectivement 5 cas de ScS et 6 témoins. L’atteinte oesophagienne était prouvée par une manométrie et le SIBO par un test respiratoire à l’hydrogène. Le traitement par Octréotide 50μg/j SC pendant 3 semaines permettait une réduction significative de la symptomatologie chez la totalité des patients. L’étude prospective de Kaye et al. (1995) a inclus 9 contrôles sains et 24 patients avec une ScS. Le SIBO était prouvé par aspiration gastro-jéjunale. Huit patients avec ScS (33%) avaient une prolifération significative. Ces patients étaient traités par une alternance d’antibiotiques (Cotrimoxazole, Amoxicilline, Tétracycline, Erythromycine et Ciprofloxacine). La diarrhée était améliorée chez 6 patients après traitement par Ciprofloxacine, et 2 patients ont répondu partiellement au Cotrimoxazole. L’étude prospective de Parodi et al. (2008) a comparé 55 patients avec ScS et 60 témoins sains. Après 10 jours de traitement par Rifaximine, 22 patients/30 (73,3%) avaient une amélioration nette de leurs symptômes. Marie et al. ont publié en 2009 une étude prospective non randomisée de 51 patients avec une ScS dont 22 (43,1%) avaient un SIBO prouvé par un test respiratoire au glucose. Un traitement par Norfloxacine 400mgx2/j puis Métronidazole 250mgx3/j alternativement, 7 jours par mois, était administré pendant 3 mois au total. Après les 3 premiers mois de suivi, 7/21 (31,8%) négativaient leur test au glucose, et ceci s’accompagnait d’une amélioration des symptômes. Enfin, dans l’étude de Tauber et al., 14 patients sur 37 (38%) avaient un SIBO (test respiratoire au glucose), tous ont été traités par Amoxicilline 500mgx3/j le 1er mois puis Ciprofloxacine 500mgx2/j le 2è mois et enfin Métronidazole 500mgx3/j le 3è mois. Le test au glucose s’est négativé chez 6 patients (43%), alors qu’on notait 2 décès par malabsorption et 1 cas de colite à Clostridium difficile.

Discussion : Les études évaluant le traitement du SIBO dans la ScS sont peu nombreuses. Toutes les études incluables étaient des études non randomisées, en ouvert, sans appariement, et à haut risque de biais. Ce travail ne peut donc influer sur la pratique clinique courante quant aux stratégies thérapeutiques dans le cadre du traitement du SIBO chez les patients sclérodermiques. Au vu du risque de pression de sélection et de développement d’une colite à Clostridium, le traitement doit être adapté au cas par cas.

Conclusion : Il y a peu de preuves quant à l’efficacité des probiotiques ou des prokinétiques dans le traitement du SIBO au cours de la ScS. Malgré les données de faible qualité, les traitements antibiotiques alternatifs semblent avoir une efficacité sur la réduction de la symptomatologie chez certains patients.

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