Characteristics of patients with systemic sclerosis suffering from a lower limb amputation: Results of a French collaborative study

Nom auteurs: Bertolino J, Jouve E, Skopinski S, Agard C, Achille A, Thoreau B, et al. for the French Research Group on Systemic Sclerosis (GFRS)

Références: Journal of Scleroderma and Related Disorders JSRD 2020 https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/2397198320913689

Background : La sclérodermie systémique (ScS) est une maladie auto-immune dont les atteintes se manifestent entre autre par une fibrose cutanée et viscérale mais également par une angiopathie concernant principalement les vaisseaux de petits calibres et capillaires. Une macro-angiopathie reste toutefois possible et est non négligeable chez les patients souffrant de ScS : la prévalence des coronaropathies, AVC ou artériopathies périphériques est augmentée par rapport à la population générale. L’artériopathie des membres inférieurs représente une morbidité importante avec souvent un geste de revascularisation nécessaire voire une amputation. Cette étude se propose d’évaluer les caractéristiques des patients atteints de ScS ayant subi une amputation d’un membre inférieur afin d’identifier de potentiels facteurs de risque.

Méthodes : Il s’agit d’une étude française cas-témoin, rétrospective et multicentrique. Les critères d’inclusion étaient les patients majeurs atteints d’une ScS selon les critères diagnostiques de l’ACR/EULAR 2013, et dont l’ischémie critique d’un membre inférieur a conduit à une amputation. Les témoins étaient des patients atteints de ScS ne présentant pas d’atteinte vasculaire symptomatique des membres inférieurs et ont été appariés (1/1) selon le sexe, l’âge et le caractère limité ou diffus de la ScS. Le risque alpha défini était de 5%. Une analyse multivariée a été effectuée sur les facteurs suivants : présence ou non d’ulcères digitaux, d’une HTAP, prise de corticoïdes, tabagisme.

Résultats: 26 cas ont été inclus, dont 77% de femmes (20/26). La moyenne d’âge était comparable dans les deux groupes (67±11 ans chez les cas et les témoins). La forme cutanée limitée était prédominante dans les deux groupes (80 et 84%). Les patients ayant nécessité une amputation du membre inférieur avaient en moyenne une évolution de la maladie plus longue (15,8 ans +/- 9,4 vs 7,4 ans +/- 5,9 dans le groupe témoin), une atteinte plus sévère selon le score de Medsger (p=0.02), des ulcères digitaux plus fréquents (9/26 34.6% vs 3/26 11,5%, p=0.048) ou un antécédent d’ulcère digital (69.2% vs 38,5%, p=0.026), une prévalence plus élevée d’HTAP (p=0.024), un DLCO plus bas (p= 0.013). Ils présentaient plus de facteurs de risque cardiovasculaires : tabagisme actif ou sevré depuis moins de 3 ans (p=0.008), plus d’antécédents cardiovasculaires (p<0.001). Ces patients avaient un profil pro-inflammatoire
plus important avec une CRP moyenne à 52,3 mg/L +/- 66,2 (vs 2,8 mg/L +/- 2,5, p= 0.02), et étaient plus souvent sous corticothérapie orale (42,3% vs 12%, p=0.015) avec une dose moyenne de 12 mg/j. Il n’y avait pas de différence significative concernant la présence d’anticorps anti-phospholipide dans les deux groupes, ni dans la positivité pour les anticorps anti-centromère ou anti-Scl70. L’analyse multivariée montrait que l’HTAP, le tabagisme et la corticothérapie orale étaient des facteurs de risque d’amputation de membre inférieur chez les patients atteints de ScS avec une macro-angiopathie. 96% (24/25) des patients présentaient un ulcère artériel au préalable, avec un délai médian entre l’apparition de l’ulcère et l’amputation d’environ 6 mois. Celle-ci était le plus souvent unilatérale. La majorité des patients était sous antiagrégant plaquettaire et/ou sous iloprost. Le taux de récidive sur le même membre était élevé (10/26 38,5%), généralement dans le mois suivant le geste. 19,2% des patients subissaient une amputation du membre controlatéral dans l’année.

Conclusion: Les atteintes vasculaires de la ScS ne se limitent pas à une microangiopathie. Les patients souffrant d’une macroangiopathie sévère conduisant à une amputation semble avoir le plus souvent une forme cutanée limitée, sévère, évoluant depuis plusieurs années. La présence d’une HTAP, d’un tabagisme actif ou sevré depuis moins de 3 ans et une corticothérapie orale au long cours semblent être des facteurs de risque. Ces résultats méritent d’être confirmés sur une étude analytique avec un plus grand effectif. La présence d’un ulcère artériel chez ces patients doit être considérée comme un signal d’alarme et nécessite un suivi plus rapproché, notamment par échographie-Doppler artérielle.

Voeux GFRS

Toute l’équipe du GFRS vous présente ses meilleurs vœux pour l’année 2020!

Vous trouverez sur le site nos analyses d’articles, des documents et des rendez-vous autour de la sclérodermie systémique.

Au plaisir de vous retrouver bientôt.

L’équipe du GFRS

Scleroderma day 2019: Bilan

A l’occasion du « Scleroderma day » du 29/06/2019, de nombreuses réunions médecins/patients ont été organisées à l’initiative des équipes médicales du GFRS, en partenariat avec l’ASF.

Il faut citer notamment les réunions qui se sont tenues à Toulouse le 27/06/2019 (70 participants), à Nantes le 26/06/2019 (80 participants), à Strasbourg le 29/06/2019, à Grenoble le 04/07/2019.

Une réunion est programmée à Marseille le 27/09/2019. Ces temps d’échange sont essentiels, tant pour les patients et leur entourage que pour les médecins.

GFRS/ASF du « Scleroderma day » le 26/06/2019, à Nantes, avec de gauche à droite :
Dr Aurélie Achille, Arthur Renaud (Interne), Madame Laurence Schuller (Vice-Présidente de l’ASF), Pr Dr Cécile Durant, Christian Agard

Nintedanib for Systemic Sclerosis-Associated Interstitial Lung Disease

Nom des auteurs: Distler O, Highland KB, Gahlemann M, Azuma A, Fischer A, Mayes MD, Raghu G, Sauter W, Girard M, Alves M, Clerisme-Beaty E, Stowasser S, Tetzlaff K, Kuwana M, Maher TM; SENSCIS Trial Investigators.

Références: N Engl J Med. 2019 May 20. doi: 10.1056/NEJMoa1903076. [Epub ahead of print] Radiol Med. 2018;123(9):655-663.

Lien associé pubmed : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/31112379

Résumé par Arthur RENAUD et Christian AGARD (Nantes)

Background:

La pneumopathie interstitielle diffuse (PID) est la 1ère cause de décès au cours de la sclérodermie systémique (ScS). Actuellement, le mycophenolate mofétil (MMF) et le cyclophosphamide sont le plus souvent utilisés pour traiter cette complication. Le Nintedanib est un inhibiteur de tyrosine kinase intra-cellulaire validé dans le traitement de la fibrose pulmonaire idiopathique (FPI). Il a montré des effets anti-fibrotiques, anti-inflammatoires ainsi que des effets sur le remodelage vasculaire dans plusieurs modèles animaux de ScS. L’étude SENSCIS a été conduite pour évaluer l’efficacité et la sécurité du Nintedanib pour le traitement de la PID-ScS.

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Validation transculturelle et évaluation de la sensibilité au changement d’un questionnaire de limitations d’activité centré sur le patient

Dans le cadre de la journée annuelle du Groupe Francophone de Recherche sur la Sclérodermie systémique, a été présenté le projet ” Validation transculturelle et évaluation de la sensibilité au changement d’un questionnaire de limitations d’activité centré sur le patient:! Variabilité inter-observateur du handicap perçu au cours de la ScS ,  par les Drs Camille Daste, Christelle Nguyen

Service de Rééducation et de Réadaptation de l’Appareil Locomoteur et des Pathologies du Rachis,Hôpital Cochin

  • •SCISCIF : PHRC régional 2012
  • •Construction d’un core set de la Classification Internationale du Fonctionnement, du Handicap et de la Santé (CIF) pour la Scs •Dériver une échelle de limitation d’activité à partir des items du core set générés par les patients
  • Le projet est soutenu par le GFRS

Vous trouverez ci-dessous la présentation du projet.

N-GUYEN-Projet-GFRS-CN

Etude SCLEROS : État des lieux de la prise en charge des ostéites chez les patients atteints de sclérodermie systémique

Avec le soutien du Groupe Francophone de Recherche sur la Sclérodermie, nous souhaiterions recenser tous les cas de patients atteints de sclérodermie systémique pour lesquels a été diagnostiqué une ostéite.

En effet, les patients atteints d’une sclérodermie systémique, compte-tenu de microtraumatisme vasculaire, d’ulcérations digitales et de la prise d’immunosuppresseurs sont à risque de développer des ostéites. Il s’agit cependant d’une complication rare de la maladie pour laquelle il n’existe que peu de donnée diagnostique, thérapeutique et/ou pronostique dans la sclérodermie systémique. Nous proposons ici un état des lieux de cette complication afin d’identifier les patients atteints de sclérodermie systémique à risque d’ostéite et d’harmoniser la prise en charge de cette complication infectieuse de la pathologie.

Les objectifs sont:

1/ déterminer le nombre, les caractéristiques cliniques, biologiques, radiologiques et microbiologiques des patients ayant une sclérodermie et une ostéite.

2/ rechercher des facteurs favorisant la survenue d’ostéite chez les patients atteints de sclérodermie systémique.

Ainsi, nous vous serions très reconnaissants de nous signaler de telles observations par retour de mail ou de nous renvoyer le C.R.F. joint.

Les critères d’inclusions sont:

1.     Homme ou femme, de 18 ans ou plus

2.     Pris en charge pour sclérodermie systémique répondant aux critères de classification ACR/EULAR 2013

3.     Pour lequel un diagnostic d’ostéite a été établi par le médecin en charge du patient entre 2000 et 2018

Cette étude a obtenu l’accord favorable du Comité d’Ethique de la Recherche Paris Descartes : CER-2018-93 CHAIGNE

Vous serez bien évidemment associés à la publication qui découlera de cette étude.

Merci d’avance pour votre aide

Bien confraternellement,

Protocole-SCLEROS

CRF-scleros

Scleroderma day


Le 29 juin est la date de la Journée Mondiale de la Sclérodermie, le World Scleroderma Day.

Cette date correspond à celle du décès du peintre Paul Klee (1879-1940). Cette journée est célébrée dans de nombreux pays à travers le monde, et en particulier en Europe avec le soutien de la FESCA (Fédération Européenne des Associations de Patients Sclérodermiques). Des réunions de rencontre et d’information avec les patients, ou avec les différents professionnels de santé, sont régulièrement organisées à cette occasion par les équipes médicales du GFRS.

N’hésitez pas à nous partager vos évènements.

Retour sur la journée GFRS 2018

 

La 22è réunion annuelle du GFRS s’est déroulée le jeudi 15 novembre 2018 à l’hôpital Cochin, Paris, et a réuni une quarantaine de participants, médecins et chercheurs.

 Les résultats préliminaires des 3 travaux financés par le GFRS pour l’année 2017-2018 ont été présentés (cf résumés disponibles sur le site). On rappelle les 3 lauréats de la bourse GFRS 2017 : Pauline Lansiaux (équipe du Pr Farge, Saint-Louis), Laure Ricard (équipe du Dr Mékinian, Saint-Antoine), et Benjamin Chaigne (équipe du Pr Mouthon, Cochin).

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Cyclophosphamide IV vs rituximab pour le traitement de l’atteinte interstitielle pulmonaire de la sclérodermie systémique diffuse récente : étude ouverte randomisée contrôlée.

Titre:Intravenous cyclophosphamide vs rituximab for the treatment of early diffuse scleroderma lung disease: open label, randomized, controlled trial.

Auteurs:Sircar G, Goswami RP, Sircar D, Ghosh A, Ghosh P.

Revue:2018 Jul 26. doi: 10.1093/rheumatology/key213. [Epub ahead of print]

PMID: 30053212

Auteur de la veille bibliographique:Pr Christian AGARD

Introduction : La pneumopathie interstitielle diffuse (PID) est la 1ère cause de mortalité au cours de la sclérodermie systémique (ScS). Le Cyclophosphamide (CYC) est un des traitements de première intention le plus prescrit dans la PID de la ScS. Plusieurs études ont montré le rôle du lymphocyte B dans la pathogénie de la ScS, suggérant un potentiel bénéfice du Rituximab (RTX), déjà observé dans quelques études ouvertes non contrôlées. Le but de cette étude était d’évaluer l’intérêt du RTX en comparaison au CYC dans les ScS diffuses débutantes avec PID.

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Traitement du syndrome de pullulation bactérienne dans la sclérodermie systémique : revue systématique de la littérature

Titre: Treatment of small intestinal bacterial overgrowth in systemic sclerosis: a systematic review

«État symptomatique acceptable pour le patient » et différence minimale cliniquement importante pour les résultats déclarés par le patient dans la sclérodermie systémique: Une analyse secondaire d’un essai contrôlé randomisé comparant la physiothérapie personnalisée aux soins habituels.

  1. CPittman N, Rawn SM, Wang M, Masetto A, Beattie KA, Larché M.

Revue: Rheumatology (Oxford). 2018 Jul 2. doi: 10.1093/rheumatology/key175. [Epub ahead of print]
PMID:29982822

Lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29982822

Auteur de la veille bibliographique: Tanguy Le Scornet et Christian Agard (CHU Nantes)

 

Introduction : Au cours de la sclérodermie systémique (ScS), l’atteinte digestive est fréquente, pouvant conduire à un retard de vidange gastrique et à un allongement du temps de transit intestinal, propice à la prolifération bactérienne et au syndrome de pullulation bactérienne de l’intestin grêle (SIBO en anglais). Le SIBO concerne jusqu’à 30-60% des patients, il entraine typiquement une dénutrition par malabsorption, et il retentit sur la qualité de vie. Le SIBO est chronique et de traitement difficile. Les auteurs ont réalisé ici une revue systématique des données disponibles concernant le traitement du SIBO au cours de la ScS.

Méthodes : Il s’agit d’une revue systématique de la littérature à partir des données disponibles au 01/01/2017 au sein des bases MEDLINE, EMBASE, et COCHRANE LIBRARY. Les articles inclus étaient ceux correspondant à une étude originale, publiée en anglais, incluant des patients sclérodermiques majeurs, avec un bras de traitement du SIBO, et contenant des données sur l’évolution du SIBO.

Résultats : Cinq études (sur 5295) ont été retenues, incluant au total 78 patients avec une ScS. Aucune étude n’était randomisée. L’étude de Soudah et al.(1991) a inclus prospectivement 5 cas de ScS et 6 témoins. L’atteinte oesophagienne était prouvée par une manométrie et le SIBO par un test respiratoire à l’hydrogène. Le traitement par Octréotide 50μg/j SC pendant 3 semaines permettait une réduction significative de la symptomatologie chez la totalité des patients. L’étude prospective de Kaye et al. (1995) a inclus 9 contrôles sains et 24 patients avec une ScS. Le SIBO était prouvé par aspiration gastro-jéjunale. Huit patients avec ScS (33%) avaient une prolifération significative. Ces patients étaient traités par une alternance d’antibiotiques (Cotrimoxazole, Amoxicilline, Tétracycline, Erythromycine et Ciprofloxacine). La diarrhée était améliorée chez 6 patients après traitement par Ciprofloxacine, et 2 patients ont répondu partiellement au Cotrimoxazole. L’étude prospective de Parodi et al. (2008) a comparé 55 patients avec ScS et 60 témoins sains. Après 10 jours de traitement par Rifaximine, 22 patients/30 (73,3%) avaient une amélioration nette de leurs symptômes. Marie et al. ont publié en 2009 une étude prospective non randomisée de 51 patients avec une ScS dont 22 (43,1%) avaient un SIBO prouvé par un test respiratoire au glucose. Un traitement par Norfloxacine 400mgx2/j puis Métronidazole 250mgx3/j alternativement, 7 jours par mois, était administré pendant 3 mois au total. Après les 3 premiers mois de suivi, 7/21 (31,8%) négativaient leur test au glucose, et ceci s’accompagnait d’une amélioration des symptômes. Enfin, dans l’étude de Tauber et al., 14 patients sur 37 (38%) avaient un SIBO (test respiratoire au glucose), tous ont été traités par Amoxicilline 500mgx3/j le 1er mois puis Ciprofloxacine 500mgx2/j le 2è mois et enfin Métronidazole 500mgx3/j le 3è mois. Le test au glucose s’est négativé chez 6 patients (43%), alors qu’on notait 2 décès par malabsorption et 1 cas de colite à Clostridium difficile.

Discussion : Les études évaluant le traitement du SIBO dans la ScS sont peu nombreuses. Toutes les études incluables étaient des études non randomisées, en ouvert, sans appariement, et à haut risque de biais. Ce travail ne peut donc influer sur la pratique clinique courante quant aux stratégies thérapeutiques dans le cadre du traitement du SIBO chez les patients sclérodermiques. Au vu du risque de pression de sélection et de développement d’une colite à Clostridium, le traitement doit être adapté au cas par cas.

Conclusion : Il y a peu de preuves quant à l’efficacité des probiotiques ou des prokinétiques dans le traitement du SIBO au cours de la ScS. Malgré les données de faible qualité, les traitements antibiotiques alternatifs semblent avoir une efficacité sur la réduction de la symptomatologie chez certains patients.