Titre article original : Autoantibodies and scleroderma phenotype define subgroups at high-risk and low-risk for cancer
Nom auteurs : Igusa T, Hummers LK, Visvanathan K, Richardson C, Wigley FM, Casciola-Rosen L, Rosen A, Shah AA
rédacteur de la veille bibliographique: Dr Alain LESCOAT (Rennes) ,Résumé fait par la filière FAI2R
Lien: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29678941
Ann Rheum Dis. 2018 Apr 20. pii: annrheumdis-2018-212999. doi: 10.1136/annrheumdis-2018-212999.
Introduction:
Un risque accru de cancer est décrit au cours de la sclérodermie systémique (ScS) et ceci, en particulier, chez les patients positifs pour les anticorps anti-ARN polymérase de type III (anti ARN pol III). Les patients négatifs à la fois pour les anticorps anti-centromères (C), anti-Scl70/anti-Topo 1 (T) et Anti ARN pol III (P) (dits CTP-négatifs) auraient également un risque plus important de cancer. Ces résultats sont, le plus souvent, issus de données de cohortes comparant les patients sclérodermiques entre eux.
Objectif :
Ce travail américain vise à mieux évaluer le risque de cancer chez les patients sclérodermiques en le comparant au risque dans la population générale et en précisant ce risque en fonction du type d’anticorps, de l’atteinte cutanée et de la période de survenue du cancer par rapport au début de la sclérodermie.
Méthodes:
Les patients atteints de sclérodermie systémique étaient issus de la cohorte prospective du centre Johns Hopkins (Baltimore). La date du début de la maladie était en particulier spécifiée (définie comme la date du premier signe clinique, Raynaud ou autre). Une distinction était faite entre : – le risque de cancer spécifiquement associé à la ScS : c’est-à-dire un cancer survenu seulement dans les 3 années avant ou après la survenue de la ScS. – le risque global de cancer : c’est-à-dire un cancer survenu dans les 3 années avant la survenue de la ScS ou à n’importe quel moment après la survenue de la ScS. Le risque de cancer dans la population générale US à âge, genre, race, ethnicité et année comparables, était calculé à partir du registre national américain SEER.
Résultats:
2383 patients sclérodermiques ont été inclus (37686 patients-années). Le risque global de cancer par rapport à la population générale était plus important chez les patients avec anti-ARN pol III et atteinte cutanée diffuse (SIR 2.05, 95%CI 1.44-2.84). A l’inverse, le risque global de cancer était diminué par rapport à la population générale chez les patients avec anti-centromères et atteinte cutanée limitée (SIR 0.59, 95%CI 0.44-0.77). Les patients CTP-négatifs n’avaient pas de sur-risque de cancer global, quel que soit le type d’atteinte cutanée. Le risque cumulé de cancer sur toute la durée de l’étude était significativement plus élevé chez les patients positifs pour les anti-ARN pol III. Le risque de survenue de cancer associé à la ScS par rapport au risque de cancer dans la population générale était également plus important chez les patients avec anti-ARN pol III et atteinte cutanée diffuse (SIR 3.13, 95%CI 2.03-4.62) mais aussi chez les patients CTP- négatifs avec atteinte cutanée limitée (SIR 2.43, 95%CI 1.36-4.00). Ces résultats sur les cancers associés à la ScS restaient valables lorsque l’analyse ne s’intéressait qu’aux cancers du sein.
Conclusion :
Cette étude américaine confirme la présence de sous-groupes à haut risque de cancer associé à la ScS (cancer survenant +/- 3 ans avant ou après le premier signe de la maladie) par rapport au risque de cancer dans la population générale. Ces groupes à risque sont en particulier les patients avec atteinte cutanée diffuse et anti- ARN pol III et les patients avec atteinte cutanée limitée et CTPnégatifs (ni anti-centromères, ni-anti Scl70, ni anti-ARN pol III). Ces données restent vérifiées lorsque l’étude est restreinte au seul cancer du sein et les auteurs suggèrent donc qu’une attention particulière soit portée au dépistage du cancer du sein pour ces sous-groupes de patients. Le caractère protecteur des anti-centromères quant à la survenue d’un cancer dans les formes limitées de la maladie pose la question d’un rôle anti-tumoral de ces auto-anticorps. Ces données sont à confirmer dans d’autres cohortes, notamment non-américaines.