Titre article original : Characterization of inflammatory cell infiltrate of scleroderma skin: B cells and skin score progression
Nom auteurs : Bosello S, Angelucci C, Lama G, Alivernini S, Proietti G, Tolusso B, Sica G, Gremese E, Ferraccioli G
rédacteur de la veille bibliographique: Pr Laurence Michel , 1 mai 2018
Lien: https://www-ncbi-nlm-nih-gov.gate2.inist.fr/pubmed/29669578
PMID: 29669578
Revue : Arthritis Res Ther. 2018 Apr 18;20(1):75./ doi: 10.1186/s13075-018-1569-0.
Contexte:
Les cellules mononucléées cutanées sont fréquemment détectées sur les coupes histologiques de sclérodermie systémique (SSc). Des études antérieures ont clairement montré une augmentation du nombre de mastocytes, des macrophages et des lymphocytes T en particulier dans les premiers stades de la SSC. En outre, les analyses de microarray dans les poumons et dans la peau des patients atteints de sclérodermie indique une surexpression des gènes associés aux macrophages.
À ce jour, bien que plusieurs études décrivent la présence d’un infiltrat de lymphocytes B dans la ScS, la caractérisation de ces derniers dans la peau lésée sclérodermique est encore mal définie. Toutefois, des résultats encourageants ont récemment suggéré que l’utilisation d’un anticorps monoclonal anti-CD20 (rituximab) pouvait être efficace pour le traitement de la sclérodermie précoce, progressive et diffuse, suggérant un rôle des cellules B dans la pathogenèse de la maladie au stade précoce.
L’objectif de cette étude était d’étudier la fréquence et la distribution de l’infiltrat cellulaire inflammatoire dans deux séries de biopsies cutanées de peau cliniquement affectée et non affectée chez des patients atteints de sclérodermie systémique et de tester la corrélation entre l’infiltrat cellulaire et la progression de la maladie en caractérisant l’infiltrat en fonction de la durée de la maladie, des caractéristiques cliniques des patients et de la modification du score cutané après 6 mois.
Méthodes:
Les 28 (24 femmes et 4 hommes) patients remplissaient les critères de classification de la sclérodermie proposés par la Ligue européenne contre le rhumatisme (EULAR) et le Collège américain de rhumatologie (ACR).
Quatre femmes en bonne santé (âgés de 36 à 55 ans) ont donné leur consentement éclairé pour subir une biopsie cutanée sur l’avant-bras, comme contrôles.
Des biopsies cutanées ont été prélevées chez les patients SSc, par excision chirurgicale avec un punch de 6 mm de diamètre sur l’avant-bras pour la peau cliniquement lésée (score cutané > 1 sur ce site) et sur la fesse pour la peau cliniquement non lésée (score cutané = 0 sur ce site). La présence des cellules inflammatoires mononucléées a été étudiée sur toutes les biopsies cutanées, en particulier avec CD3 en tant que marqueur des lymphocytes T, CD20 comme marqueur des lymphocytes B (B matures et cellules B mémoires), CD138 comme marqueur des cellules plamocytaires et CD68 comme marqueur des macrophages résidentiels. L’analyse immunohistochimique a été réalisée sur des coupes de peau de 5 μm d’épaisseur sur des lames revêtues de polylysine.
Résultats:
L’âge moyen (±écart type) des patients ayant une SSc était de 44,6±15,4 ans et la durée médiane de la maladie était de 163-360 mois. Il y avait 19 patients (67,9%) avec une maladie précoce, définie comme un diagnostic jusqu’à 3 ans après apparition d’un phénomène de Raynaud; les 9 patients restant (32,1%) avaient une maladie de longue date. Il y avait 20 patients (71,4%) avec une SSc diffuse. Le score cutané de Rodnan était de 15,8 ± 11,3 (intervalle de 2,0 à 43,0).
Dans tous les échantillons cutanés de SSc, les infiltrats cellulaires ont été principalement trouvés en périvasculaire dans les parties moyennes et profondes du derme. Toutes les biopsies analysées ont montré un infiltration cellulaire CD3+ et CD68+, avec un nombre moyen de cellules CD3+ et de CD68+ plus élevé dans la peau cliniquement lésée (CD3+, 71,7±34,6 et CD68+, 26,3 8,4, respectivement) que dans la peau cliniquement non lésée (CD3+, 45,7 ± 36,0 et CD68+, 13,6 ± 6,1, respectivement) (p <0,001 pour les deux comparaisons).
Les cellules CD20+ ont été retrouvées chez 17 (60,7%) patients et chez ces patients, le nombre moyen de cellules CD20+ était plus élevé dans la peau cliniquement lésée (4,7±5,9) que dans la peau non lésée (1,9 ± 2,9), (p=0,04). Il y avait un plus grand nombre de cellules CD20+ dans les patients avec une SSc précoce par rapport aux patients avec une maladie de longue date. Des cellules CD138+ ont été trouvées dans 100% des biopsies de peau cliniquement lésées et dans 89,3% des biopsies de peau non lésée. Le nombre moyen de cellules CD138+ était plus élevé dans la peau cliniquement lésée (3,6 ± 2,3) que dans la peau cliniquement non lésée (1,9 ± 1,7), (p<0,001).
Sept patients ont connu une aggravation de plus de 20% de leur score cutané après 6 mois de suivi; tous avaient une infiltration CD20+ cutanée dans la peau lésée.
Conclusion :
Les résultats de ce travail confirment que les cellules mononucléées sont présentes dans la peau de tous les patients atteints de ScS, soulignant le rôle des infiltrats de cellules inflammatoires dans l’atteinte cutanée dans la ScS. Les cellules B dans la peau semblent caractériser les patients
avec une maladie cutanée diffuse précoce et en corrélation avec la progression de la peau.
Mots clés : cellules B; Macrophages; implication cutanée; Sclérodermie Systémique; cellules T.