La signature IFN de type I dans la Sclérodermie systémique

Veille biographique: Recherche physiopathologique

La signature de l’interféron de type I est présente dans la sclérose systémique avant la fibrose et pourrait contribuer à sa pathogénie travers une surexpression du gène de BAFF et la synthèse augmentée de collagène

D’après : The interferon type I signature is present in systemic sclerosis before overt fibrosis and might contribute to its pathogenesis through high BAFF gene expression and high collagen synthesis: Proposée  par le Dr Laurence MICHEL, INSERM U976. Centre Universitaire de Recherche en Dermatologie.

Auteurs: Brkic Z, van Bon L, Cossu M, van Helden-Meeuwsen CG, Vonk MC, Knaapen H, van den Berg W, Dalm VA, Van Daele PL, Severino A, Maria NI, Guillen S, Dik WA, Beretta L, Versnel MA, Radstake T

Lien  pubmed: http://www.ncbi.nlm.nih.gov.gate2.inist.fr/pubmed/26371289

Distribution du score « Interféron de type I » (IFN score) chez les patients atteints d’une sclérodermie cutanée limitée (lcSSc) ou diffuse (dcSSc) versus des contrôles sains (HC). Les cas positifs sont en rouge.

Distribution du score « Interféron de type I » (IFN score) chez les patients atteints d’une sclérodermie cutanée limitée (lcSSc) ou diffuse (dcSSc) versus des contrôles sains (HC). Les cas positifs sont en rouge.

Background :

Cet article étudie la « signature IFN de type I » caractéristique des maladies autoimmunes, dans les stades précoces de la sclérodermie systémique (SSc), avant qu’une fibrose cutanée ne se développe.

Méthodes :

L’expression de 11 gènes induits par l’IFN de type I a été testée dans le sang total provenant de 30 témoins sains sans aucun signe d’autoimmunité, chez 12 sujets ayant un phénomène de Raynaud primaire, 19 patients avec une SSc très précoce, 7 patients avec une SSc sans fibrose cutanée, 21 avec une SSc cutanée limitée et 10 sujets avec une SSc cutanée diffuse. De plus, une corrélation entre l’activité de l’IFN dans les monocytes, l’expression de l’ARNm de BAFF (B cell activating factor) et les taux sériques de la fraction N-terminale du propeptide du procollagène III (PIIINP) a été testée.

Résultats :

chez tous les patients SSc, quel que soit le groupe, une signature IFN de type I élevée est détectée, avant même que la fibrose n’apparaisse. Un « score IFN » calculé à partir des taux d’ARNm des gènes associés à l’IFN permet d’établir une prévalence de cette signature : Témoins=3.3%; Raynaud=33.3%, SSc très précoce=78.9%, SSc sans fibrose=100%, SSc cutanée limitée =42.9%, SSc cutanée diffuse =70.0%. Dans les monocytes, un score IFN ≥4.12 distingue les contrôles des patients atteints de SSc avec une fibrose. De plus, les monocytes des patients ayant une signature IFN expriment des taux d’ARNm de BAFF que les monocytes des patients sans signature IFN, ceci étant corrélé à des taux de PIIINP sériques significativement plus élevés.

Conclusion :

Une signature IFN de type I est détectable chez les patients atteints de SSs dès premières phases de la maladie, avant même l’apparition d’une fibrose cutanée, ce quisuggère une contribution de cette signature dans la pathogenèse et la progression de la SSC via une stimulation de l’autoimmunité et de la fibrose.

Analyse profonde du protéome et CXCL4 comme biomarqueur dans la sclérodermie systémique

Veille biographique. D’après : Proteome-wide Analysis and CXCL4 as a Biomarker in Systemic: Proposée par le Pr Brigitte GRANEL, Marseille

Auteurs: L. van Bon, A.J. Affandi, J. Broen, R.B. Christmann, R.J. Marijnissen, L. Stawski, Farina, G. Stifano, A.L. Mathes, M. Cossu, M. York, C. Collins, M. Wenink, R. Huijbens, R. Hesselstrand, T. Saxne, M. DiMarzio, D. Wuttge, S.K. Agarwal, J.D. Reveille, S. Assassi, M. Mayes, Y. Deng, J.P.H. Drenth, J. de Graaf, M. den Heijer, C.G.M. Kallenberg, M. Bijl, A. Loof, W.B. van den Berg, L.A.B.Joosten, V. Smith, F. de Keyser, R. Scorza, C. Lunardi, P.L.C.M. van Riel, M. Vonk, W. van Heerde, S. Meller, B. Homey, L. Beretta, M. Roest, M. Trojanowska, R. Lafyatis, and T.R.D.J. Radstake   http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4040466/

Background : L’identification de biomarqueurs associées à la sévérité ou la progression de la sclérodermie présente un intérêt majeur dans la prise en charge des patients dont la présentation clinique et l’évolution restent très hétérogènes. A ce jour, il n’y a pas de facteur prédictif d’atteinte viscérale. Le but de cette étude était d’identifier un rôle possible des cellules dendritiques plasmacytoïdes dans la pathogénèse de la sclérodermie.

Méthodes :

– 779 patients souffrant de sclérodermie (462 ayant une forme cutanée limitée, 317 avec la forme cutanée diffuse) pour la cohorte prinicpale.
– Pour l’étude de l’expression de CXCL4 dans les cellules dendritiques plasmacytoïdes, des biopsies de peau étaient obtenues chez les patients avec la forme diffuse précoce et diffuse tardive.
– Le dosage plasmatique de CXCL4 était obtenu chez les patients atteints de sclérodermie dans différentes cohortes étudiées, chez les sujets sains, les patients lupiques, les patients avec une spondylarthrite ankylosante et une cirrhose hépatique.
– Une analyse protéomique était réalisée dans le surnageant des  cellules dendritiques plasmacytoïdes.
– La quantification des cytokines sécrétées était faite par test ELISA ou  Luminex.

Résultats :

L’analyse protéomique a montré que les cellules dendritiques plasmacytoïdes des patients avec la forme précoce et diffuse de la maladie secrétaient de façon différentielle par rapport aux témoins
sains des taux élevés de CXCL4. Des expériences de confirmation ont montré une élévation importante du CXCL4 (dosage ELISA) dans le surnageant des cellules dendritiques chez les patients
ayant une sclérodermie, en particulier la forme diffuse précoce, ainsi qu’une surexpression de l’ARN messager de CXCL4 dans les cellules dendritiques purifiées et une augmentation de la protéine CXCL4 dans les cellules dendritiques circulantes et de la peau des patients ayant une sclérodermie dans sa forme diffuse précoce.

Dans la cohorte de patients, le taux circulant de CXCL4 était très élevé en comparaison avec les sujets sains et étaient particulièrement élevé dans la forme diffuse précoce. Les mêmes résultats étaient observés dans la cohorte de réplication comprenant des patients avec sclérodermie, des sujets sains, des lupus, spondylarthrite ankylosante et cirrhose hépatique. Les patients sclérodermiques avec un taux élevé de CXCL4 avaient davantage de fibrose pulmonaire et d’hypertension artérielle pulmonaire.

L’analyse d’association entre le taux de CXCL4 et le phénotype retrouvait une corrélation entre CXCL4 et l’extension de la fibrose cutanée. Les patients avec des taux circulants élevés de CXCL4 (≥10 ng/mL) avaient davantage de fibrose pulmonaire et d’hypertension artérielle pulmonaire. Des taux élevés de CXCL4 étaient associés à un développement précoce de l’hypertension artérielle
pulmonaire.

Dans une cohorte suivie sur 18 moins, les auteurs montrent l’intérêt de CXCL4 comme biomarqueur capable de prédire l’altération de la DLCO (diffusion pulmonaire du monoxyde de carbone), une plus grande prévalence de fibrose pulmonaire au scanner et une plus grande progression de la fibrose cutanée.

Conclusion :

les auteurs ont ainsi identifié un biomarqueur, le CXCL4, intéressant dans la sclérodermie car associé  à la forme diffuse précoce, au développement de la fibrose pulmonaire et l’hypertension artérielle pulmonaire. Ce marqueur semble intéressant en tant que facteur pronostic de sévérité de la maladie. CXCL4 est une chémokine aux effets anti-angiogéniques, profibrosantes et proinflammatoires. Les taux élevés de CXCL4 observés dans la sclérodermie pourraient expliquer au moins en partie le défaut de réparation vasculaire de la maladie, l’inflammation et le développement de la fibrose.