Inhibition de l’angiogenèse par les plaquettes dans la ScS

Titre original: Inhibition of angiogenesis by platelets in systemic sclerosis patients.

  • Auteurs:Daniela Hirigoyen1, Paula I. Burgos1, Veronica Mezzano1, Josefina Duran1, Magaly Barrientos1, Claudia G. Saez, Olga Panes, Diego Mezzano and Mirentxu Iruretagoyena
  • Lien    Arthritis Research & Therapy (2015) 17:332
  • Rédacteur du résumé: Pr Brigitte Granel, Marseille

Background :

Les principales lésions observées au cours de la Sclérodermie systémique (ScS) incluent la microvasculopathie, la fibrose périvasculaire et interstitielle, l’altération de l’angiogénèse et l’autoimmunité. Principal acteur cellulaire impliqué dans l’hémostase et la thrombose, les plaquettes ont aussi un rôle important dans le maintien de l’intégrité vasculaire, l’angiogénèse, l’inflammation et la fibrose. Le but l’article est de comprendre la contribution des facteurs dérivés des plaquettes chez les patients atteints de ScS en analysant leurs effets sur l’angiogénèse (formation de tubules par les cellules endothéliales microvasculaires humaines dermiques – DMVEC), la sécrétion de cytokines profibrosantes et pro inflammatoires et la prolifération des fibroblastes. Les auteurs souhaitent ainsi mieux comprendre l’implication des plaquettes dans la pathologie de la ScS.

Méthodes :

Les plaquettes de 30 patients ayant une ScS (âge moyen 51,3 ans), et de 12 sujets sains (41,9 ans) étaient étudiées. L’angiogénèse était évaluée par la formation de tubules par les DMVEC sur Matrigel et les facteurs dérivés des plaquettes comme l’isoforme anti-angiogénique du vascular endothelial growth factor (VEGF165b). Le taux de CD40L, la sécrétion de cytokines inflammatoire et de sérotonine intraplaquettaire étaient analysés. L’effet du surnageant plaquettaire sur la prolifération des fibroblastes et l’expression de l’α-SMA étaient étudiés.

Résultats :

Le surnageant des plaquettes de patients souffrant de ScS a un effet inhibiteur sur la formation de microtubules des DMVEC en culture Matrigel (p < 0,01). Après mise en culture (6h) avec le surnageant des plaquettes de patients ScS, un taux élevé d’endothéline-1 (ARNm) dans les DMVEC était observé, en comparaison aux sujets témoins (p < 0,05). Chez les témoins, le taux d’endothéline 1 était significativement diminué, en comparaison avec les DMVEC non stimulées (état basal). La sécrétion de l’isoforme VEGF165b était significativement plus haute (p < 0,05) dans le surnageant des plaquettes de patients ScS que des témoins, et le ratio VEGF165b/VEGF était augmenté en comparaison aux sujets sains (tendance statistique, n = 12; p = 0,071). Une sécrétion élevée du transforming growth factor β (p < 0,01) et du CD40L (p < 0,01) était observée par les plaquettes des patients souffrant de ScS. Le taux de sérotonine intraplaquettaire était plus bas chez les patients ayant une forme cutanée diffuse SSc comparé à ceux avec une forme limitée et chez les témoins (p < 0,05).

Un effet prolifératif et une surexpression de l’α-SMA sur les fibroblastes en culture était observé, en comparaison à l’effet obtenu chez les sujets témoins.

 Conclusion :

De par les résultats observés (effet antiangiogénique, sécrétion de VEGF165b, effet proinflammatoire et profibrosant), cette étude suggère que les plaquettes pourraient être associées aux lésions microvasculaires, au défaut de la réparation vasculaire et à la fibrose chez les patients souffrant de ScS.

 

Auteur du Résumé:  Pr Brigitte Granel:

Service de médecine interne
CHU de Marseille – Hôpital Nord
FRANCE

Lien  pubmed: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26584613

 

Caractérisation de la réponse inflammatoire et pro-fibrosante des macrophages humains exposés à la silice cristalline

Titre complet: Caractérisation de la réponse inflammatoire et pro-fibrosante des macrophages humains exposés à la silice cristalline, un contaminant environnemental impliqué dans le développement de la sclérodermie systémique

Porteur du projet : Pr. Patrick Jégo (patrick.jego@chu-rennes.fr), Service de médecine interne CHU Rennes.

La sclérodermie systémique (SSc) est une maladie auto-immune, caractérisée par une fibrose cutanée et pulmonaire et dont la survenue est favorisée par l’exposition à la silice cristalline. Les macrophages, de par leur activité de phagocytose, constituent la principale cible cellulaire de la silice et pourraient jouer un rôle majeur dans le développement de la fibrose pulmonaire. Une caractérisation globale de la réponse inflammatoire et pro-fibrosante des macrophages humains exposés in vitro à la silice cristalline serait donc particulièrement intéressante pour mieux mprendre les effets de ces particules.
Le stress oxydant est fortement impliqué dans la physiopathologie de la SSc. Ainsi, l’activation du facteur de transcription Nrf2, qui contrôle la réponse anti-oxydante, joue un rôle bénéfique dans de nombreuses pathologies respiratoires inflammatoires chroniques.

Cependant, son impact sur le développement de la SSc, notamment associée à la silice, est encore inconnu.

Dans ce contexte, ce projet vise à :

1) caractériser l’activation, par la silice, des macrophages issus de patients
2) évaluer les effets pro-inflammatoires et pro-fibrosants des macrophages
3) déterminer, dans une perspective thérapeutique, le rôle protecteur de Nrf2

Le projet, échelonné en 4 étapes majeures, est schématisé dans la figure suivante :

Patrick Jégo

La signature IFN de type I dans la Sclérodermie systémique

Veille biographique: Recherche physiopathologique

La signature de l’interféron de type I est présente dans la sclérose systémique avant la fibrose et pourrait contribuer à sa pathogénie travers une surexpression du gène de BAFF et la synthèse augmentée de collagène

D’après : The interferon type I signature is present in systemic sclerosis before overt fibrosis and might contribute to its pathogenesis through high BAFF gene expression and high collagen synthesis: Proposée  par le Dr Laurence MICHEL, INSERM U976. Centre Universitaire de Recherche en Dermatologie.

Auteurs: Brkic Z, van Bon L, Cossu M, van Helden-Meeuwsen CG, Vonk MC, Knaapen H, van den Berg W, Dalm VA, Van Daele PL, Severino A, Maria NI, Guillen S, Dik WA, Beretta L, Versnel MA, Radstake T

Lien  pubmed: http://www.ncbi.nlm.nih.gov.gate2.inist.fr/pubmed/26371289

Distribution du score « Interféron de type I » (IFN score) chez les patients atteints d’une sclérodermie cutanée limitée (lcSSc) ou diffuse (dcSSc) versus des contrôles sains (HC). Les cas positifs sont en rouge.

Distribution du score « Interféron de type I » (IFN score) chez les patients atteints d’une sclérodermie cutanée limitée (lcSSc) ou diffuse (dcSSc) versus des contrôles sains (HC). Les cas positifs sont en rouge.

Background :

Cet article étudie la « signature IFN de type I » caractéristique des maladies autoimmunes, dans les stades précoces de la sclérodermie systémique (SSc), avant qu’une fibrose cutanée ne se développe.

Méthodes :

L’expression de 11 gènes induits par l’IFN de type I a été testée dans le sang total provenant de 30 témoins sains sans aucun signe d’autoimmunité, chez 12 sujets ayant un phénomène de Raynaud primaire, 19 patients avec une SSc très précoce, 7 patients avec une SSc sans fibrose cutanée, 21 avec une SSc cutanée limitée et 10 sujets avec une SSc cutanée diffuse. De plus, une corrélation entre l’activité de l’IFN dans les monocytes, l’expression de l’ARNm de BAFF (B cell activating factor) et les taux sériques de la fraction N-terminale du propeptide du procollagène III (PIIINP) a été testée.

Résultats :

chez tous les patients SSc, quel que soit le groupe, une signature IFN de type I élevée est détectée, avant même que la fibrose n’apparaisse. Un « score IFN » calculé à partir des taux d’ARNm des gènes associés à l’IFN permet d’établir une prévalence de cette signature : Témoins=3.3%; Raynaud=33.3%, SSc très précoce=78.9%, SSc sans fibrose=100%, SSc cutanée limitée =42.9%, SSc cutanée diffuse =70.0%. Dans les monocytes, un score IFN ≥4.12 distingue les contrôles des patients atteints de SSc avec une fibrose. De plus, les monocytes des patients ayant une signature IFN expriment des taux d’ARNm de BAFF que les monocytes des patients sans signature IFN, ceci étant corrélé à des taux de PIIINP sériques significativement plus élevés.

Conclusion :

Une signature IFN de type I est détectable chez les patients atteints de SSs dès premières phases de la maladie, avant même l’apparition d’une fibrose cutanée, ce quisuggère une contribution de cette signature dans la pathogenèse et la progression de la SSC via une stimulation de l’autoimmunité et de la fibrose.