Elhai M, Boubaya M, Distler O, Smith V, Matucci-Cerinic M, Alegre Sancho JJ, et al; for EUSTAR network d’après Outcomes of patients with systemic sclerosis treated with rituximab in contemporary practice: a prospective cohort study.
Liens: Ann Rheum Dis. 2019 Jul;78(7):979-987. doi: 10.1136/annrheumdis-2018-214816.
Lien associé pubmed: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/30967395
Résumé par le Pr Brigitte GRANEL
Background : Cette étude évalue la sécurité et l’efficacité du rituximab dans la Sclérodermie Systémique (ScS) en pratique clinique.
Méthodes: Les auteurs ont réalisé une étude prospective incluant les patients ayant une ScS du groupe European Scleroderma Trials and Research (EUSTAR) traités par du rituximab et les ont appariés avec des patients ayant une ScS non traités par rituximab. Les principales mesures étaient les effets indésirables, l’amélioration de l’atteinte cutanée, de la fibrose pulmonaire, l’utilisation de corticoïdes entre les deux groupes de patients traités ou non par du rituximab.
Résultats : 254 patients (sur les 14 239 patients inclus dans la base de données EUSTAR) étaient traités par du rituximab. Il s’agissait de 71% de femmes, d’âge médian de 51 ans, 64% de forme cutanée diffuse, 53% anti-Scl70 positifs et 71% avaient une fibrose pulmonaire. Les contrôles (patients ScS non traités par rituximab) étaient au nombre de 9575, 86,2% de femmes, d’âge médian de 55 ans, 30% de forme cutanée diffuse, 33% anti-Scl70 positifs et 41% avaient une fibrose pulmonaire.
L’indication de mise sous rituximab était dans 146/254 (58%) l’atteinte pulmonaire, dans 81/254 (32%) l’atteinte cutanée et dans 108/254 (42%) l’attente musculo-squelettique. Concomitamment au rituximab, les patients recevaient des corticoïdes dans 67% des cas. Les auteurs réalisaient un matching pour les groupes de patients traités pour la peau et pour l’atteinte pulmonaire avec moins de 10% de différence entre toutes les variables étudiées, permettant une comparaison entre les cas et les contrôles. Après un suivi médian de 2 ans, 70% des patients n’avaient pas d’effets indésirables sous rituximab, 17% avaient des effets indésirables mineurs et 14% des effets sévères. Pour les patients traités pour la fibrose cutanée, le mRSS (score de fibrose cutanée) diminuait de 22,1 (±9,3) à 14,1 (±8,4) chez les patients traités par rituximab (n=74) vs 21,1 (±10.5) à 16,2 (±10.3) (p<0,001) chez les patients ScS non traités par rituximab (n= 281). Pour les patients traités pour l’atteinte pulmonaire (n=146), la capacité vitale forcée (CVF) restait stable durant le suivi (76,3±19,3% à 77,7±20,2%), de façon similaire aux contrôles (79,1±20,6% à 80,7±21,1%) (n=497). La DLCO et l’extension de la fibrose restaient aussi stables chez les patients traités et non traités par rituximab. Les patients sous rituximab pouvaient davantage baisser ou arrêter les corticoïdes (p<0,001). Les patients traités de façon concomitante avec du mycofénolate mofétil avaient une meilleure évolution sur la fonction respiratoire (CVF) en comparaison aux patients traités par du rituximab seul et aux contrôles.
Discussion: L’utilisation du rituximab était associée à un bon profil de tolérance dans cette grande cohorte de patients. Des différences significatives étaient observées entre les deux groupes sur la fibrose cutanée en faveur du rituximab, sur le sevrage en corticoïdes, mais pas sur la fonction respiratoire. Cependant, la limite de l’étude est son caractère observatoire.
Conclusion : Cet article offre de l’espoir en termes de tolérance et d’efficacité du rituximab.
Pour formellement conclure, un essai clinique randomisé contrôlé devra être proposé, tout particulièrement dans la forme cutanée diffuse (avec un score de Rodnan≥10) et une atteinte pulmonaire car il semble que cela représente la population répondeuse au traitement.